Les nouvelles écoles primaires ouvertes toute la journée du Bade-Wurtemberg
Le développement des Ganztagsgrundschulen (= écoles primaires ouvertes toute la journée) dans le Bade-Wurtemberg montre la manière dont les directives fédérales sont traduites au niveau régional. En effet, le soutien des Ganztagsschulen nécessite une prise en compte des spécificités historiques de la région et des initiatives existantes.
Les premières Ganztagsschulen du Bade-Wurtemberg ont été fondées dans les années 1970, mais leur nombre ne s’est accru sensiblement qu’au début du XXIe siècle. Cette croissance était pourtant plus faible que dans d’autres Länder, le statut des Schulbegleiter (des accompagnateurs scolaires bénévoles), créé par le gouvernement régional conservateur, n’ayant pu inciter que peu d’écoles à devenir des Ganztagsschulen.
Une impulsion politique
La nouvelle Landesregierung (= gouvernement régional) issue des élections de 2011, une coalition formée par le SPD (= Sozialdemokratische Partei Deutschlands) et les Verts, a formulé l’objectif de permettre à chaque enfant de fréquenter une école primaire ouverte toute la journée. La fondation de ces écoles a donc été encadrée par une loi votée par le parlement régional le 16 juillet 2014. A l’image de la définition de la KMK, les critères retenus accordent une liberté importante à chaque établissement (15). Ainsi, l’école et les parents peuvent décider si la présence tout au long de la journée sera obligatoire pour tous les élèves ou seulement pour ceux que leurs parents ont inscrits. Les écoles choisissent un des quatre modèles de répartition des temps d’enseignement et d’activités qui ont pour but d’être adaptés à la situation particulière de chaque école. La transformation des écoles primaires en Ganztagschulen n’est pas rendue obligatoire par la loi.
Le soutien du Ministerium für Kultus, Jugend und Sport (= ministère régional de la culture, de la jeunesse et du sport) s’est traduit par la signature d’un contrat-cadre avec plus de 40 partenaires extra-scolaires régionaux (dont des associations sportives, des écoles de musique, des représentants de l’économie et des institutions ecclésiastiques), ainsi que par la mise à disposition d’environ 158 millions d’euros destinés surtout à rémunérer les enseignants qui encadrent les activités de l’après-midi. Jusqu’à la moitié de ces heures peuvent être « monétarisées », c’est-à-dire remplacées par des fonds consacrés à la rémunération des partenaires qui interviennent dans l’école. Ces moyens financiers ne peuvent pas être utilisés à d’autres fins (l’achat de matériel ou le paiement des transports par exemple). En 2013-2014, seulement 18 % des heures ont été « monétarisées. Les activités sont gratuites, seule une participation aux frais de restauration scolaire peut être demandée aux parents.
Scepticisme et offensive de communication
La décision politique de promouvoir le développement des Ganztagsschulen entraîne des conflits d’intérêt à l’échelle locale. Ainsi, la gestion des dispositifs extra-scolaires déjà existants devient délicate, car les garderies et les structures communales proposant des activités extra-scolaires ne reçoivent plus de subventions de la région. Leur subsistance dépend donc des choix de financement de la commune.
Alors qu’une partie des parents d’élèves souhaite un développement rapide des Ganztagsschulen qu’ils apprécient pour les horaires facilitant l’organisation de leur quotidien, d’autres parents craignent que l’école se substitue à eux dans l’éducation de leur enfant. Certains parents sont inquiets de la charge que représente la journée complète pour l’enfant.
Le ministère régional cherche à vaincre ces réticences en expliquant les règles qui encadrent le fonctionnement des Ganztagsgrundschulen et en vantant leurs bénéfices, notamment la variété des activités proposées et l’accompagnement individualisé. Il y consacre un site internet comportant une carte interactive du Bade-Wurtemberg qui permet de localiser toutes les Ganztagsschulen primaires et secondaires de la région et peut ainsi guider les futurs parents d’élèves et les associations qui souhaiteraient intervenir dans ces écoles. Cette carte donne une représentation spatiale de l’efficacité du programme de soutien régional (16).
Une vidéo explicative montre le cheminement de parents fictifs qui craignent que leur fils n’ait plus de temps libre.
Le fonctionnement des écoles primaires ouvertes toute la journée est expliqué à travers l’exemple fictif d’une élève qui va à l’école de 8 heures à 16 heures quatre jours par semaine, mange à la cantine, bénéficie d’une aide aux devoirs et apprend à jouer de la flute pendant le temps d’activités. L’aménagement de l’emploi du temps (afin d’alterner les cours, les exercices, le sport et la musique), l’accompagnement individualisé et la qualité des partenaires sont mis en avant. La vidéo revient enfin au garçon du début qui veut aller à la Ganztagsgrundschule : les craintes de ses parents sont dissipées. Les arguments en faveur de la journée complète cherchent à convaincre les parents sceptiques, et l’histoire racontée doit permettre au spectateur de s’identifier aux personnages et d’être persuadé de ce que la journée complète est une solution idéale pour toute la famille. La vidéo a donc clairement pour but d’inciter les parents à inscrire leur enfant à la journée complète.
(15) Ganztagsschule in Baden-Württemberg. Kultusportal Baden-Württemberg. Ministerium für Kultus, Jugend und Sport (Ed.). Stuttgart. URL : http://www.ganztagsschule-bw.de/,Lde/Startseite. [Consulté le 19 novembre 2015]
(16) « Standorte der Ganztagsschulen. » Ganztagsschule in Baden-Württemberg, Kultusportal Baden-Württemberg. Ministerium für Kultus, Jugend und Sport (Ed.). Stuttgart. URL : http://www.ganztagsschule-bw.de/,Lde/Startseite/Standorte+der+Ganztagsschulen. [Consulté le 19 novembre 2015].