Atelier 7 : Laïcité, éducation à la citoyenneté et vivre ensemble
Compte-rendu de l'atelier (par Anne Francou)
Aborder les questions de la laïcité nous renvoie immanquablement aux événements tragiques de janvier dernier… il faut arriver néanmoins à décontextualiser et déjouer certains raccourcis. Régis Cortesero rappelle l’émergence d’un Islam de France qui a progressivement changé de visage (référence aux travaux de Gilles Kepel). Actuellement, on se trouve face à des affirmations identitaires plurielles : une volonté d’intégration totale dans la société (par la participation sociale, le vivre ensemble) et une affirmation identitaire parfois forte qui s’exprime à travers un Islam de conversion, non hérité des pères.
Selon Arnaud Tiercelin (Ligue de l’enseignement), on ne pourra certainement pas combattre le problème de la radicalisation par la stigmatisation et l’interdiction. Mieux vaut parvenir à une adhésion aux valeurs de la République en renforçant le sentiment d’appartenance à la communauté par une citoyenneté active, dans une logique de responsabilité, de solidarité. Il n’existe bien sûr pas de recette miracle…
Serge Fraysse (CGET) rappelle ensuite la création récente du CGET (mars 2014) qui d’une certaine mesure en elle-même reconnaît de fait les inégalités territoriales et sociales. Il détaille un certain nombre de thématiques d’action menées :
- impliquer les habitants dans les décisions locales : exemple des conseils de quartier ; les conseils citoyens devenus obligatoires
- la mise en place du service civique universel
- le rôle de la LICRA dans la lutte contre les discriminations
- le rôle des familles dans la co-éducation
- la création d’un comité interministériel des villes
- la création d’une réserve citoyenne
- le développement des classes préparatoires d’intégration, afin que la fonction publique soit davantage à l’image de la société
Bernard Noly (Francas 69) conclut la table-ronde en apportant son expérience de terrain auprès des jeunes qui fréquentent les structures de loisirs. Selon lui, les animateurs ont un rôle essentiel pour établir un climat de confiance avec les jeunes. Il avance l’hypothèse que les centres sociaux offrent davantage d’espace d’expression aux jeunes que l’école. Mieux connaître l’autre, travailler sur l’identité culturelle et pas seulement religieuse est une des clés de réussite.
Peut-être faut-il regretter qu’il n’y ait pas eu autour de la table un représentant de l’éducation nationale ou de chercheurs travaillant sur l’espace scolaire, pour parler de la place de l’école dans l’éducation à la citoyenneté et au vivre ensemble. L’argumentation de ce qui se fait hors l’école qui ne se ferait pas dans l’école, n’a pas pu ainsi être précisée comme elle aurait dû l’être.