Atelier 5 : Evaluation d’un PEDT : « Référentiel, cahier des charges, normes/ normatif, outils? »
Compte-rendu de l'atelier (par Sidonie Rancon)
La question de l’évaluation est une préoccupation récurrente des acteurs des politiques publiques. Elle est considérée comme un outil constitutif de la méthodologie de projet autant qu’un moyen de questionnement vis-à-vis des orientations politiques menées. Yves Fournel rappelle qu’il y a souvent confusion dans la méthodologie et les finalités affichées entre ce que peut être un état des lieux, un diagnostic ou encore un bilan, et l’évaluation en tant que telle. L’atelier a été l’occasion de problématiser cette notion en mettant en évidence quelques points de réflexions préalables à tout engagement dans une démarche évaluative. Jean-Claude Emin a rappelé l’importance de revenir au sens même de l’évaluation et de se poser la question de ses enjeux et finalités avant de se précipiter sur les outils à mettre en place. Le « pour quoi évaluer ? » et le « que veut-on évaluer » ? constituent donc les questions premières autour desquelles les acteurs participant de l’évaluation vont devoir s’accorder, nécessitant de revenir aux objectifs principaux des actions éducatives de territoire menées.
Plusieurs exemples de démarches évaluatives ont été donnés, rendant compte d’une notion qui est loin d’être consensuelle. Les démarches réalisées dans la ville de Paris, le département des Landes autant que d’autres territoires comme l’Ariège, le Rhône, Orly, Grenoble montrent une diversité de points de vue et de méthodologies. L’expérience des Landes est intéressante à plusieurs titres. D’une part, elle a montré la pertinence de questionner, à travers l’évaluation, les pratiques éducatives elles-mêmes en se posant la question de ce que la réforme sur les rythmes scolaires a pu transformer du point de vue des pratiques des enseignants notamment. On entrevoit, à ce titre, à partir des premiers résultats des questionnaires envoyés aux enseignants, qu’il existe un vrai risque d’externalisation des disciplines scolaires pensées comme périphériques. D’autre part, l'expérience des Landes amène à se reposer la question des objectifs visés par la réforme et par l’action des acteurs locaux. Jean-Claude Emin rappelle qu’à travers l’évaluation on distingue deux principales raisons d’évaluer : la volonté de réguler l’action publique et celle de « rendre compte », qui impliquent des raisonnements plus ou moins différents en fonction des finalités que l’on donne au processus évaluatif. On remarque bien, dans l’ensemble des démarches présentées, que ce soit par les intervenants ou les participants aux débats de l’atelier, que les démarches croisent constamment ces deux enjeux. C’est à ce titre que l’on retrouve souvent des méthodes de recueil de satisfaction (ou insatisfaction) des enfants, parents, enseignants, via questionnaires semi-directifs ou encore des démarches rendant compte de la fréquentation des activités périscolaires. Il ne faut pas oublier que, dans une évaluation, l’analyse des difficultés rencontrées renseigne au moins autant que l’analyse des résultats quantitatifs. Il ne faut pas non plus confondre, comme l’a rappelé un participant, un bilan des activités périscolaires et une évaluation des effets produits par les actions publiques locales en matière d’éducation. Enfin, la question du « qui évalue » ? reste encore trop peu posée comme question préalable à l’évaluation. Yves Fournel a rappelé l’importance de l’évaluation participative, il s’agit aussi de penser à ses modalités pour viser une véritable association et non pas une simple consultation des citoyens aux démarches de construction des politiques éducatives locales, et donc de la démarche évaluative. La démarche participative n’est-il pas un enjeu en soi de la territorialisation des politiques publiques ?