Touteduc a parlé des journées PoLoc
PEDT : "Passer du projet communal au projet de territoire"
"Nous sommes à un tournant pour les PEDT", estime Yves Fournel après les 3èmes journées du Poloc (les 16 et 17 novembre). Pour le responsable opérationnel de "l'Observatoire des politiques locales d'éducation et de la réussite éducative", les projets éducatifs de territoire sont en place, "mais si on veut accéder aux questions de fond", il y a "une étape qualitative à franchir" pour associer les enseignants, les animateurs et tous les acteurs concernés. Il s'agit de passer "du projet communal au projet territorial". Il faut définir "une nouvelle mission de service public" qui inclue la formation des acteurs, la concertation et la réflexion sur le contenu des projets. Il s'agit aussi d'assurer une cohérence entre les parcours des enfants, sportifs, artistiques et culturels, tels qu'ils sont conçus trop souvent sans faire le lien entre le scolaire et le périscolaire, lequel s'appuie davantage sur les ressources locales.
L’Observatoire souligne que "la question de l’évaluation est maintenant posée partout" après l'avoir été assez peu lors de la création des PEDT. Yves Fournel estime qu'il y a "un déficit de réflexion, de méthodologie et de formation" sur cette question marquée par la diversité des actions, et donc la difficulté d'une évaluation globale. C'est ainsi qu'en Ariège, l'outil de diagnostic mis au point comporte "plus de 150 indicateurs" qu'il a été "impossible de renseigner et d'actualiser".
Ne pas faire porter aux PEDT le poids des inégalités scolaires
C'est pourquoi ces deux journées et cet état des lieux étaient nécessaires. La première plénière avait d'ailleurs pour thème "Education, territoires, égalité, citoyenneté : où en sommes-nous ?" et les contributions d'Eric Favey (IGEN) et de David Proult (adjoint au maire de Saint-Denis) "ont permis de prendre du recul et de resituer l'enjeu des PEDT dans l'ensemble de la refondation de l'école, de s'interroger sur leur contribution à la réduction des inégalités territoriales, sociales, filles-garçons ,etc., en particulier sur le champ périscolaire et sans leur faire porter tout le poids des inégalités scolaires", précise Yves Fournel.
Une première série d'ateliers portait sur la lecture, le sport et la musique, et donc sur la coopération avec des associations comme Lire et faire lire, avec les bibliothèques, avec les structures communales, les conservatoires... "Il fallait montrer qu'il y a des choses qui marchent". La deuxième série d'ateliers portait sur les outils de la coopération, sur l'évaluation comme moment d'un travail en commun, sur les formations partagées autour de projets, sur le numérique pour dépasser la question des équipements et poser celle des usages, "un point sur lequel il y a beaucoup de progrès à faire".
Encore peu de place faite aux enfants et aux jeunes
La troisième série d'ateliers a permis de faire dialoguer les deux fédérations de parents avec 1001 territoires qui représente les parents les plus éloignés de l'école, de s'interroger sur la place des enfants et des jeunes dans les PEDT ("ça reste à développer") et sur la place des associations, de façon qu'elles ne soient pas vues comme des prestataires mais comme des partenaires.
Ces journées ont aussi été l'occasion de rappeler les éléments du bilan dressé l'an dernier par l'Observatoire PoLoc : "En moyenne, 67% des enfants sont inscrits aux nouvelles heures du périscolaire, un peu moins en maternelle (...). Pour l’essentiel les PEDT portent sur les 3 - 11 ans et donc sur l’école primaire" et sur "des projets périscolaires, même si une part significative de 30 à 40% porte aussi sur les temps scolaires et extrascolaires".
Seules 55 % des collectivités "ont mis en place un diagnostic initial" et seules 69 % "déclarent avoir mené une concertation préalable". Le coût du nouveau périscolaire varie entre 80 € et 300 € par enfant et par an, la moyenne est de 192 € par enfant, les aides de l’Etat et les prestations de la CNAF représentant 100 à 140 € par enfant.
Un travail sur les transitions
Pour l'Observatoire, "il y a un vrai besoin de réflexion, de travail, sur les transitions entre temps scolaire et périscolaire", "entre la petite enfance et l’école maternelle, à l’entrée en CP ou en sixième", sur "l’articulation des PEDT avec les politiques jeunesse ou petite enfance", sur son adaptation aux enfants de maternelle, sur "la transversalité à l’intérieur des collectivités". Mais il constate aussi qu'il y a eu "dans beaucoup de communes un passage de simples garderies aux activités périscolaires" et "une prise en compte nouvelle de la pause méridienne comme temps éducatif". De plus, on est passé "d’un accès limité au périscolaire et à l’extrascolaire du mercredi" à "au moins 3 heures hebdomadaires" pour deux enfants sur trois : "cette généralisation de l’accès au périscolaire ouvre la voie à une politique publique en la matière".
Ont participé à ces deux journées 82 personnes représentant 20 collectivités, 14 associations, 5 IEN (inspecteurs du 1er degré), 4 conseillers Jeunesse & Sports, la FCPE, la PEEP, les deux ministères (Education nationale, Ville - Jeunesse et Sports), le CNFPT, l'INJEP, Canopé, le centre de gestion Isère.
Article de Pascal Bouchard paru dans Touteduc le mercredi 23 novembre 2016