Interview de Marc Sawicki
Marc Sawicki est co-président du Réseau Français des Villes Educatrices Site du RFVE |
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Pourquoi avoir choisi le thème de la mixité pour les rencontres du RFVE 2016 ?
Marc Sawicki : C’est un sujet d’actualité. Un certain nombre de rapports nationaux, de questionnements émanant des territoires, du Ministère de l’éducation nationale portent sur la question des mixités (les migrants, l’égalité hommes-femmes, etc.). Ces journées sont l’occasion de voir ce qui se fait sur les territoires français, mais également chez nos voisins, en particulier les pays frontaliers de Metz, où nous nous trouvons.
Quel lien faites-vous entre mixité, réduction des inégalités et les Pedt ? Quelles pistes d’action envisagez-vous à l’issue de ces journées ?
Marc Sawicki : Le lien entre politique d’égalité/mixité et les Pedt est évident, et personne ne peut agir tout seul. La situation idéale, celle où tous les partenaires travailleraient dans le même sens, tient souvent à un bon « alignement des planètes, pour reprendre l’expression utilisée par Choukri Ben Ayed dans sa conférence. Il s’agit souvent de situations avec une histoire locale, une volonté politique, etc. Certains territoires inscrivent la question de la mixité, de l’éducation aux différences dans leur Pedt. Bien entendu, certains territoires ne font pas de la mixité une volonté politique. Il me semble pourtant que le sujet est aujourd’hui incontournable. L’outil existe, le Pedt, il s’agit maintenant clairement de volonté politique. Je pense qu’au-delà des orientations politiques, les enjeux sont importants et j’espère que les expériences positives de partenariats réussis feront "boule de neige".
Parmi les futures actions du RFVE, pensez-vous étudier les politiques tarifaires pratiquées pour les loisirs éducatifs ?
Marc Sawicki : En la matière, tous les cas de figures existent. Il existe des territoires où les tarifs sont calculés à partir du quotient familial et où la gratuité est la règle pour un quart de la population. D’autres territoires, en revanche, font payer jusqu’à 20€/jour et par enfant (repas et périscolaire). Sur une même commune, les choses peuvent évoluer dans le temps, comme à Limoges où, suite à un changement de municipalité, les familles modestes qui bénéficiaient de la gratuité ont dû payer quelque chose, ce qui a entraîné une baisse du taux de fréquentation de la restauration scolaire. La question de l’accès au périscolaire passe obligatoirement par une politique tarifaire.
Nathalie Mons a soulevé le problème du manque de données concernant le premier degré, ce qui est un frein à la recherche. Le RFVE a-t-il travaillé sur les politiques de sectorisation, ou l’envisage-t-il ?
Marc Sawicki : Si on prend l’exemple de Brest, commune où je suis élu, les données concernant l’origine sociale sont précises concernant le collège et le lycée publics et privés, alors que les seuls éléments dont on dispose pour le premier degré proviennent du périscolaire, par le biais du quotient familial. Mais ces données sont lacunaires et imprécises. Heureusement que nous connaissons nos territoires ! L’objectif est d’avoir des données plus précises sur la mixité sociale au premier degré, afin d’améliorer les politiques éducatives aussi bien locales que nationales.
Le RFVE est-il prêt à travailler avec la recherche ?
Marc Sawicki : Deux chercheurs ont participé à nos journées, ils ont montré une photographie de la mixité à l’école très riche. Il y a des expériences extraordinaires sur les territoires, qu’il faut mutualiser. Les élus ne peuvent pas travailler tout seuls, on a besoin de la recherche pour guider l’action politique.
La conviction du RFVE est que si l'on veut une vraie politique de mixité, il faut englober la petite enfance, car c’est là que beaucoup de choses se jouent : les jeunes enfants n’ont pas de problème avec la couleur de peau, la langue, etc. Un des objectifs du RFVE est de travailler sur les premiers âges de la vie.
L’école est un service public. Qu’en est-il du périscolaire ?
Marc Sawicki : C’est une vraie question… Il faut dire que si l’Etat avait rendu les TAP obligatoires, les financements auraient été bien différents ! On a des collectivités qui ont 80% de participation sur les TAP, et d’autres seulement 20%. Rendre obligatoire les TAP me paraît utopique, en revanche inciter et donner envie est tout à fait possible.
Une chose est sure : il faut absolument travailler aujourd’hui sur tous les temps de l’enfant, scolaire, périscolaire et extrascolaire, si l’on veut travailler sur l’égalité, l’équité.
Propos recueillis par Yves Fournel, Observatoire PoLoc, décembre 2016.